Fashionopolis by Thomas Dana

Fashionopolis by Thomas Dana

Auteur:Thomas Dana
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: De Boeck Supérieur
Publié: 2020-05-05T12:43:13+00:00


Troisième partie

7

Nous pouvons nous en sortir

La pluie tombait quasiment à l’horizontale. Sur la place de l’Opéra, des personnalités aux chaussures impossibles sortaient de berlines noires et montaient sous des parapluies les marches en pierre du théâtre baroque du Palais Garnier. Des rédacteurs en chef. Des distributeurs. Des influenceurs. En réalité, il s’agissait de la tribu qui décide, saison après saison, année après année, ce qui sera tendance et ce qui ne le sera pas.

En ce matin maussade de mars à Paris, l’objet de ce rassemblement était le défilé de mode féminine automne-hiver 2017-2018 de la créatrice britannique Stella McCartney. Tout ce petit monde a descendu, en bavardant, le large escalier de marbre jusqu’au niveau inférieur de l’opéra et s’est installé sur des bancs blancs autour d’une petite rotonde. À 9 h 45, les lumières se sont éteintes et la foule s’est tue.

La rappeuse Princess Nokia a fait irruption dans les haut-parleurs : « Don’t you fuck with my energy ! » Les projecteurs se sont allumés et les flashs se sont mis à crépiter.

Les modèles de McCartney paradaient avec des trenchs pied-de-poule, des combinaisons moulantes en tricot de laine caramel, des pantalons en flanelle anthracite portés avec des chemises de coton blanc vif, des vestes en cuir de motards et des robes fourreaux en viscose sur lesquelles étaient dessinés des mustangs et des ciels bleus nébuleux. Elles avaient aux pieds des escarpins ou des ballerines en daim et elles portaient des fourre-tout en cuir couleur beurre.

Cependant, les détails relatifs à la provenance des matériaux ont échappé à ce public très averti lorsque les modèles ont défilé : la laine provenait d’une ferme ovine durable en Nouvelle-Zélande, la viscose était faite de cellulose suédoise certifiée par le Forest Stewardship Council, le coton était d’une variété patrimoniale cultivée en Égypte selon un processus bio, le cuir et le daim étaient en réalité du polyester et du polyuréthane. De nombreux créateurs présentent leurs nouvelles collections lors de la Fashion Week de Paris, mais Stella McCartney est la seule à se présenter comme une créatrice éco-responsable. Et son engagement sans faille au plus haut niveau du milieu de la mode a eu, au fil du temps, un impact démesuré sur l’industrie.

Végétarienne depuis toujours1 et ardente supportrice de l’association People for the Ethical Treatment of Animals (PETA), McCartney a toujours conçu des vêtements et des accessoires « sans animaux », c’est-à-dire sans cuir ni fourrure. Ses chaînes d’approvisionnement sont transparentes et traçables. Ses magasins sont construits avec des matériaux recyclables et sont alimentés avec des énergies renouvelables. Depuis 2013, Stella McCartney produit un rapport sur les profits et pertes environnementaux (Environmental Profit & Loss, EP&L), qui mesure l’impact environnemental de sa chaîne d’approvisionnement « de la ferme jusqu’aux produits finis », comme elle l’explique. Dans un secteur qui est toujours à la recherche de nouveautés, McCartney croit qu’être responsable est « la chose la plus moderne que l’on puisse faire2 ».

Ce n’était pas le cas lorsqu’elle a commencé au milieu des années 1990. Pendant longtemps,



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